« Avoir la parole impeccable », un des quatre accords Toltèques. J’avais lu ce petit bouquin de Don Miguel Ruiz, il y a quelques années de cela,  et j’avais été agréablement surprise par la simplicité des préceptes exposés. 
Toutefois, je n’avais pas pris la mesure de ces mots : « Avoir la parole impeccable », jusqu’à ce matin de Noël.Affalées sur le lit, nous laissions filer le temps en papotant ma sœur et moi.

La discussion a commencé à prendre un tournant dangereux. Jusqu’alors, ces échanges aboutissaient souvent par une bonne dispute et trois semaines de silence radio. Et là, surprise, en freinant la colère qui montait en moi, en étant davantage concentrée sur la mécanique de ses pensées, j’ai réussi à nous conduire à bon port.Mais ne tournons pas autour du pot.
Les propos légers échangés avec Dalila ont pris une tournure nouvelle lorsqu’elle commença tranquillement à m’expliquer ma façon de me comporter avec les hommes et mes amies. Pour elle, dès lors que j’étais intéressée par un homme, j’étais prête à tuer père et mère pour le conquérir. Je faisais fi de l’amitié, de la sororité … 

Je fus un peu abasourdie par ses propos d’autant plus qu’elle m’expliquait l’avoir dit à une amie commune ! Ainsi, ma propre sœur colportait une image dans laquelle je ne me reconnaissais pas, mais elle, elle savait, c’était évident !J’étais furieuse, dépossédée de mon identité par ma propre sœur. Elle me créait une nouvelle entité qui n’était pas moi.J’ai ravalé ma colère car j’avais besoin de comprendre.Comprendre pourquoi elle pensait cela de moi. Je lui ai demandé de me donner des faits. A quel moment, nous avions été attirées par la même personne ? A quel moment, j’avais été en « concurrence » avec une amie. Sa réponse fût des plus évasives. J’insistais. Elle me rappela une ancienne histoire. J’avais 12 ans, elle 14 ans. Nous avions eu un coup de cœur pour un gamin de notre âge, sa préférence s’était portée sur moi. De cette histoire, elle en avait tiré une croyance forte : j’étais prête à tout pour obtenir un homme.
En colportant ce qui pour elle était une vérité, elle créait et nourrissait un autre moi que je ne connaissais pas. Elle me créait, sans aucune intention malveillante, une nouvelle identité aux yeux des autres.Au fil de la discussion, ma colère est redescendue. J’avais compris que cette croyance agissait sur elle comme une boussole et que cela avait un côté rassurant pour elle de s’y accrocher. 

D’ailleurs, personne, jusqu’alors, lui avait dit : « Mais pourquoi tu dis cela de ta sœur ? Sur quoi tu t’appuies ? ».Par négligence, par facilité, par peur d’abîmer la relation…,  nous avons tendance à prendre pour argent comptant les dires des autres. Or, leur vérité n’est pas la vérité de l’autre. Ma sœur, dans sa croyance, détient sa vérité mais ce n’est pas la mienne.

Questionnons ! Ne nous contentons pas de ce qui est dit ! Questionner s’est rendre service à l’autre en lui montrant que certes, il a peut-être raison de croire cela mais peut-être pas ! Mettons en doute les propos de nos amis, nos parents pour les faire cheminer vers la parole dite  impeccable. Qui sait peut-être qu’un jour, je serai attirée par le même homme que ma sœur et que je serai capable de tout ?  Ne le sachant pas, qui est-elle pour le savoir mieux que moi ?A travers cette discussion, j’ai pris conscience que je pouvais agir de façon semblable. N’avais-je pas également créé une image de ma sœur « croqueuse de diamants» auprès de mon entourage ?!!!

Nous ne cessons jamais d’apprendre ! Merci à ma soeurette